Les biodéchets représentent 1/3 de nos poubelles.
La dernière campagne nationale de caractérisation des ordures coordonnée par l’ADEME, évalue la part des déchets putrescibles (biodéchets à l’exception des déchets en cellulose) à 32 % du poids des ordures ménagères résiduelles (c’est-à-dire sans compter les déchets recyclables). Cette valeur varie selon les sources et notamment selon le mode de calcul (la prise en compte des déchets verts, des collectes séparées, des déchets secs ou humides, etc.)
Source : ADEME, Déchets Chiffres Clés, Édition 2016, p.20
La gestion actuelle des biodéchets :
Chaque année l’ensemble des ménages français produit 18 millions de tonnes de biodéchets. La pratique du tri des déchets organiques par les particuliers concerne environ 30 % des ménages (25% par compostage domestique et 5 % par collecte séparée).
Qu’advient-il des 70% de déchets organiques qui ne sont pas triés à la source ? Ils sont traités de la même manière que les déchets non recyclables : enfouis ou incinérés.
Ce que dit la réglementation :
La loi Grenelle II (article 204) de 2010 en France et la Directive-Cadre européenne sur les déchets (article 22) du 19 novembre 2008, ont amorcé la mise en place du tri à la source des déchets organiques.
Dans un premier temps, une distinction a été faite entre les ménages et les gros producteurs de biodéchets : les restaurants, hypermarchés, établissements scolaires, etc. Depuis 2016, les producteurs de plus de 10 tonnes de biodéchets par an ont l’obligation de les trier séparément et d’assurer leur retour au sol. Dans le cas contraire ils peuvent s’exposer à une amende.
– Un restaurant collectif servant 1 000 repas, 100 jours par an
– Un restaurant traditionnel servant 200 repas par jour toute l’année
– Un commerce alimentaire de plus de 500 m2
– Un marché forain, même petit, c’est-à-dire de moins de 25 emplacements
Pour tous les autres producteurs de biodéchets, la loi de transition énergétique et pour la croissance verte (LTECV) de 2015 prévoit la généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici 2025. L’objectif fixé par la LTECV est de « progresser dans le développement du tri à la source des déchets organiques, jusqu’à sa généralisation (…) avant 2025, pour que chaque citoyen ait à sa disposition une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles« .
Du côté européen, la Directive cadre déchets a été révisée et prévoit désormais l’obligation pour les Etats membre de mettre en place une gestion séparée des biodéchets au plus tard le 31 décembre 2023 – soit deux ans avant l’obligation française.
Pour aller plus loin : - Les obligations des gros producteurs de biodéchets, Note de la DGPR,2013 - Réduire, trier et valoriser les biodéchets des gros producteurs, Guide pratique ADEME,2013 - Mise en oeuvre du tri à la source pour les collectivités, Recommandations Ademe, 2017
L’impact d’une mauvaise gestion des biodéchets :
Polluant pour les sols et l’eau :
L’enfouissement en décharge des déchets organiques entraîne des pollutions. Une fois enfouis et tassés avec les autres déchets, les biodéchets se décomposent et perdent de l’eau qui va former un jus appelé « lixiviat ». Ces jus peuvent contenir les substances polluantes et toxiques issues de la macération avec les autres déchets (métaux, mercure…). Ils doivent donc être captés et traités.
Émissions de gaz à effet de serre :
Le tassement des déchets en décharge provoque également la fermentation de biodéchets dans un milieu sans oxygène. Cette fermentation crée ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère. Ce gaz a un pouvoir de réchauffement global 25 fois supérieur à celui du CO2. D’après le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), environ 7 % des émissions de méthane en France proviennent des centres de stockage de déchets. Il existe des systèmes de captage pour récupérer en partie le méthane émis par les décharges et éviter qu’il ne se disperse dans l’atmosphère. Le méthane capté est soit brûlé (et donc transformé en CO2), soit utilisé pour produire un peu d’énergie. Ces systèmes ne permettent cependant pas de capter l’intégralité des gaz s’échappant des décharges.
Un gaspillage énergétique :
Les déchets organiques non triés peuvent également être orientés avec les autres déchets vers l’incinération. Or les biodéchets sont composés de 60 à 90% d’eau. Les incinérer revient ainsi à essayer de brûler de l’eau ! Il s’agit donc d’un procédé particulièrement inefficace. Il peut en effet entraîner des variations de températures dans les fours de l’incinérateur, favorisant la formation de dioxines. La combustion par incinération émet par ailleurs du CO2 dans l’atmosphère.
Pour bien gérer les biodéchets, il faut tout d’abord les trier à la source. Mais comment faire ?